Comment George Lucas a inventé Indiana Jones en vacances ou les 4 étapes de la créativité

Harrison Ford sur le tournage d'Indiana Jones. C'est en respectant les 4 étapes de la créativité que George Lucas a pu créer le personnage.

Nous sommes en mai 1977 et le tout premier Star Wars s’apprête à sortir au cinéma. George Lucas, épuisé par des années de production, d’écriture, de réécriture, de réréécriture et de négociation avec les studios, décide de prendre quelques semaines de vacances à Hawaï. De toute façon personne croit au succès de ce petit film de science-fiction. Ni la Fox qui finance le film, ni les distributeurs qui refusent de le diffuser dans leurs cinémas, ni même George Lucas qui est persuadé que son film sera un bide.

Il emmène avec lui à Hawaï son meilleur ami, Steven Spielberg. Lui aussi a bien besoin de vacances puisqu’il termine le tournage de Rencontre du Troisième Type. C’est en faisant bronzette sur la plage, entre deux châteaux de sables, qu’ils ont une idée géniale. Ils vont réaliser ensemble l’histoire d’un archéologue aventurier : Indiana Smith ! Spielberg qui n’est pas fan du nom préférera l’appeler Indiana Jones. Dès leur retour de vacances ils commencent à travailler sur le scénario du film. Quatre ans plus tard les Aventuriers de l’Arche Perdue sort au cinéma.

Sans le savoir, George Lucas a suivi à la lettre les quatre étapes de la créativité telles que formulées par le psychologue anglais Graham Wallas dans son livre The Art of Thought.

Sommaire
  1. L’étape de production
  2. L’étape d’incubation
  3. L’étape d’illumination
  4. L’étape de vérification
  5. Résumé

L’étape de production : planter la graine.

Dire que George Lucas et Steven Spielberg ont eu l’idée du personnage d’Indiana Jones pendant leurs vacances serait un petit raccourcis. En vérité, ça faisait plus de 4 ans que Lucas réfléchissait à cette histoire d’archéologue qui parcourt le monde à la recherche de trésors perdus. Il travailla sur l’écriture du personnage pendant quelques semaines avant de finalement le mettre de côté pour se concentrer sur son prochain projet : l’histoire de Jedi pacifiques et de leur lutte contre de terribles guerriers Sith.

Cette première période d’écriture du personnage correspond à ce que Graham Wallas nomme l’étape de production.

C’est l’étape pendant laquelle nous réfléchissons activement à la résolution d’un problème. On récolte toutes les informations nécessaires, on cogite et on cogite pour trouver la solution. On tourne le problème dans tous les sens comme un Rubik’s Cube. C’est le travail visible. Celui qui nous permet de dire à la fin de la journée “j’ai bien travaillé aujourd’hui !”. A cette étape, George Lucas cogite pour donner vie à son personnage. Quels sont ses objectifs ? Quelles sont ses motivations ? Ses ennemis ? Comment il s’habille ?

Mais c’est aussi l’étape dans laquelle on reste bloqué trop souvent. Un peu comme Bill Murray dans Un Jour Sans Fin qui répète en boucle la même journée, on répète en boucle cette étape, persuadé que c’est la seule et unique manière de résoudre un problème. Bah oui. Qui pourrait croire que c’est en ne faisant rien qu’on avance ? Ridicule !

C’est pourtant ce qui arrive lors de l’étape suivante : l’incubation.

L’étape d’incubation : laisser germer la graine.

La période d’incubation est sans doute l’étape la plus importante, mais pourtant la plus souvent sacrifiée sur l’autel du “faut travailler dur pour réussir”. C’est l’étape où nous laissons le cerveau s’occuper en arrière plan de touuuutes les informations qu’on lui a donné. Parce que croire que notre cerveau ne travaille pas quand on se repose, c’est ne pas comprendre comment il fonctionne.

Celui-ci a deux modes de fonctionnement : un mode focus et un mode repos.

Le mode focus correspond au moment où nous nous concentrons activement sur la résolution d’un problème. Lors de l’étape de production, le cerveau passe en mode focus. Il est concentré sur un seul problème. C’est pour ça que George Lucas a été obligé de mettre en pause l’écriture de son personnage d’archéologue pour se concentrer sur la création du premier Star Wars. Le cerveau ne peut pas se concentrer sur deux problèmes à la fois. Quand on dans l’étape de production, le cerveau est en mode focus.

Le mode repos correspond aux moments où nous nous relaxons. Lorsque nous ne faisons rien, notre cerveau lui ne fait pas rien. Il profite de l’occasion pour trier toutes les informations fournies lors de l’étape de production. Il analyse. Il jette ce qui doit l’être, garde le reste. Il relie deux idées entre elles pour donner naissance à de nouvelles idées.

Dans une société où la valeur travaille est perçue comme la valeur ultime, la notion de repos apparaît presque comme un sacrilège ultime. Depuis peu on parle même du concept de “tracances” : travailler pendant ses vacances (oui, donc ce ne sont plus des vacances en fait…). Les tracances sont une tentatives de plus pour grignoter sur nos périodes de repos et nous encourager à travailler encore un peu plus.

Mais en faisant ainsi c’est l’étape d’incubation qu’on sacrifie. Pour que cette étape soit efficace nous avons besoin d’entrer dans une période de relaxation mentale importante comme le souligne Wallas. Sans quoi on reste bloqué à l’étape précédente, notre cerveau tourne en rond et fait de la bouillie. C’est comme essayer de dormir alors qu’on a pas sommeil. On a beau se forcer, fermer les yeux, rien y fait. C’est même pire puisque plus on se force à s’endormir moins on a envie de dormir. Plus on réfléchit activement à la résolution d’un problème plus on s’éloigne de la solution.

Pour que l’étape d’incubation soit réellement efficace on doit lâcher prise. Penser à autre chose. Faire des châteaux de sable avec notre meilleur ami sur une plage hawaïenne. Alors seulement nous pouvons passer à l’étape de l’illumination.

L’étape d’illumination : récolter les premiers fruits.

Lorsque Lucas et Spielberg ont l’idée de travailler ensemble sur Indiana Jones, ils discutent de leur passion commune pour les films d’aventures à l’ancienne. Une discussion normale entre deux amis qui causent de tout et de rien, et surtout pas de travail. C’est à ce moment là que Spielberg lui parle de son amour pour les films de James Bond et son envie de réaliser un épisode un jour. Lucas saute sur l’occasion pour lui proposer “une idée meilleure que James Bond”.

Lors de l’étape de production, nous plantons une graine dans notre esprit. Une graine que nous laissons grandir et germer lors de la phase d’incubation. Ce n’est qu’arrivé à l’étape de l’illumination que nous pouvons enfin récolter les fruits de tout ce processus. C’est le moment “Eurêka j’ai trouvé” qui survient sous la douche. C’est cette idée qui surgit de nulle part qu’on nomme parfois inspiration, sans savoir que cette “inspiration tombée du ciel” est en fait le résultat d’un long processus en plusieurs étapes.

Une étape qui ne peut avoir lieu qu’après un moment de repos intense. Le repos est trop souvent perçu comme de la perte de temps. Plus d’une fois il nous arrive de culpabiliser de ne rien faire ou de nous reposer. On se sent coupable de ne pas être “productif” de la même façon qu’on se sent aussi coupable qu’un voleur lorsqu’on sort d’une grande surface sans avoir acheter quoi que ce soit.

Le repos et le travail ne sont pas ennemis. Ils sont complémentaires. On a besoin de travailler autant que nous avons besoin de nous reposer pour rester efficace. Quelque chose que les sportifs eux mêmes ont bien compris puisque les périodes de repos font parties intégrante de leurs entrainements. Après une période de travail le cerveau a autant besoin de se reposer que le corps après une séance de sport. Mais parce qu’on nous encourage à toujours travailler encore et encore, on sacrifie la période d’incubation et zappe au passage l’illumination qui l’accompagne.

L’étape de vérification : savourer le fruit de son labeur.

L’étape finale consiste à retourner au travail. Nous avons trouvé la solution à notre problème après nous être bien reposé, il est temps maintenant de vérifier que tout fonctionne. C’est le moment où nous testons la solution. On la confronte à la logique et la réalité. On regarde ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas afin de l’intégrer ou non au projet. C’est le moment où Lucas et Spielberg retournent à Hollywood pour commencer à rédiger le scénario complet des premières aventures de l’archéologue aventurier.

C’est le moment où Indiana Smith devient Indiana Jones.

En résumé
  • Il existe quatre étapes pour générer de nouvelles idées :
    • L’étape de production : c’est l’étape pendant laquelle on réunit toutes les informations.
    • L’étape d’incubation : c’est l’étape pendant laquelle on se repose pour laisser le cerveau analyser ces informations.
    • L’étape d’illumination : c’est l’étape pendant laquelle le cerveau nous fait signe qu’il a trouvé une idée.
    • L’étape de vérification : c’est l’étape pendant laquelle on analyse cette solution pour être certain qu’elle tient la route.

  • Le repos et le travail ne sont pas opposés. Ils sont complémentaires. On a besoin de travailler pour réunir toutes les informations dont aura besoin notre cerveau, mais on a aussi besoin de repos pour lui laisser le temps de les analyser.

  • Sacrifier son repos c’est sacrifier la qualité de son travail et s’auto-saboter.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout !

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2 commentaires sur « Comment George Lucas a inventé Indiana Jones en vacances ou les 4 étapes de la créativité »

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