
Créer du contenu tout le temps, tous les jours, ça peut rapidement devenir relou.
On a l’impression qu’il faut créer du nouveau, de l’inédit, H24. Je dis bien “impression” parce que c’est un mythe parmi d’autre en créativité. Cette idée que chaque nouvelle création doit être originale. Si toutes nos créations devaient être originales, ce serait rapidement épuisant. Sans parler de la pression monstre qui pèse sur les épaules du créateur, obligé de sortir de son cerveau des idées inédites en permanence. Bordel, non.
Etre dans l’inédit constamment, essayer de générer en permanence de nouvelles idées, c’est comme essayer de dormir alors qu’on a pas sommeil. On tourne en rond, on teste une position, puis une autre. Plus le temps passe et moins on a envie de dormir. Plus on se force à générer de nouvelles idées plus on nourrit la page blanche.
L’imagination ce n’est pas quelque chose qui se commande.
On a besoin de repos pour avoir de nouvelles idées. On a besoin de ne rien faire, de ne pas réfléchir. Oui mais dans le même temps faut bien créer, n’est-ce pas ? Surtout que les réseaux sociaux nous encouragent à créer tous les jours, pas une fois de temps en temps.
Même avec beaucoup d’imagination ça peut rapidement devenir épuisant.
C’est une course en avant infinie qui peut rapidement taper sur le système. Créer ne devient plus quelque chose qu’on fait par plaisir, mais une forme d’obligation. Le cerveau ne peut pas créer en permanence. Il a besoin de phases de repos pour générer de nouvelles idées.
Le truc c’est qu’on est pas obligé de créer de l’inédit tout le temps.
Ne cherchez pas la nouveauté, pillez le passé
En 1968 lors d’une partie de pêche, Card Walker réfléchit au prochain film que Disney devrait réaliser après les Aristochats. C’est à ce moment là que le haut responsable du studio Disney pense adapter un conte populaire. Ken Anderson, un animateur du studio qui l’accompagnait dans sa partie de pêche, trouve l’idée intéressante et suggère Robin des Bois. Vendu. Le prochain classique Disney sera une adaptation de Robin des Bois.
Rapidement ça commence à déconner. A cause de désaccords artistiques sur l’apparence des personnages (pendant un temps, le Shérif de Nottingham devait être une chèvre et pas un loup), leur rôle ou non dans le film, la production n’avance pas et prend du retard. Dans le milieu du cinéma plus qu’ailleurs, le temps c’est de l’argent. Donc il faut le rattraper quelque part tout ce retard. Les animateurs décident alors de recycler des scènes entières d’autres films.
Pour la scène de la fête organisée par Robin et ses amis dans la forêt, ce sont trois films Disney que les animateurs recyclent. Un peu de Blanche-Neige par ci, un peu du Livre de la Jungle par là et une pointe d’Aristochats. Quand on doit dessiner 350 000 dessins, qui chacun prennent plusieurs heures, recycler un dessin ici et là c’est loin d’être une mauvaise idée.

Le procédé n’est pas nouveau. C’est quelque chose que les animateurs de Disney ont l’habitude de faire. Une petite analyse rapide permet de constater qu’un grand nombre de films Disney utilisent ici et là des scènes de films précédents afin de gagner du temps et de l’argent, sans que le public s’en aperçoive forcément (bon par contre une fois qu’on a capté la combine, on ne voit plus que ça).
Tout le monde recycle.
C’est une excellente façon de gagner du temps de l’argent et surtout du jus de cerveau.
Ce n’est pas toujours nécessaire de créer de l’inédit en permanence, surtout dans le cadre de publications sur les réseaux sociaux. Plus d’une fois il m’arrive de réutiliser de vieilles publications d’il y a un an pour les republier après un léger lifting. Dans le cas de Robin des Bois, ce recyclage est surtout le fruit d’un retard de l’équipe mais aussi d’un manque d’animateurs qualifiés à l’époque (ce qui poussera Disney à créé sa propre école). Nul doute que s’ils avaient eu le temps nécessaire et plus de dessinateurs, ils n’auraient pas eu besoin de récupérer des scènes d’autres films.

Mais dans la réalité les choses ne se passent jamais comme prévu. Il nous arrive à tous d’être débordé de temps en temps. Ressortir des tiroirs un contenu passé permet de sortir la tête de l’eau et souffler temporairement afin de se remettre sur les rails, comme ce fut le cas pour l’équipe chargé de Robin des Bois.
Je l’ai déjà dit, c’est un gain de temps et de jus de cerveau, mais il y a aussi un autre intérêt : tout le monde n’a pas forcément vu la publication originale. Ni vos abonnés qui étaient déjà là à l’époque, encore moins les nouveaux qui sont arrivés entre temps. Recycler ses contenus c’est aussi permettre aux fidèles de la première heure comme aux nouveaux de découvrir vos créations et conseils. Lorsque j’explique que faire la sieste est bon pour la santé, c’était vrai il y a un an, ça l’est toujours aujourd’hui pour exactement les mêmes raisons (à moins que l’humanité ait évolué physiquement entre temps).
Mais quand bien même ils ont déjà eu la chance de découvrir ce contenu une première fois, il y a de fortes chances pour qu’ils ne s’en souviennent plus. Moi le premier je ne me souviens pas forcément de mes propres créations, alors imaginez des personnes pour qui je ne suis qu’un créateur parmi d’autres.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes
On peut recycler son contenu, un peu à la façon d’un Disney. Mais on peut également recycler des idées brutes. On exploite pas toutes nos idées. Certaines sont laissées de côtés, archivées en attendant d’être réutilisées.
Prenons l’exemple de Star Wars. C’est quelque chose que fait la saga en permanence. Les artistes qui bossent sur l’univers de George Lucas produisent des milliers d’idées à chaque nouveau projet. Toutes ne sont pas conservées. Mais souvent elles sont réutilisées plus tard dans un autre projet. L’exemple le plus parlant c’est le personnage de Chewbacca. Lors de la création du personnage, celui-ci devait ressembler à ça.

On est loin de la boule de poils qu’on connait tous aujourd’hui. Mais ce dessin n’est pas passé à la poubelle pour autant. Celui-ci est réutilisé pas loin de 40 ans plus tard pour donner naissance à un autre personnage de la saga Star Wars.

Spielberg en fera autant en travaillant sur Indiana Jones. Beaucoup d’idées qui n’ont pas pu être utilisées dans le premier films se retrouveront ensuite dans le deuxième. Recycler ses idées est un procédé commun. Encore faut-il pouvoir les stocker et les archiver. D’où l’importance de mettre en place un système d’organisation et de prise de notes efficace. Ce n’est pas parce qu’une idée ne peut pas être utilisée aujourd’hui qu’elle ne sera pas utile demain. La richesse de l’univers Star Wars vient aussi du fait que tous les dessins, les bouts de scénarios, toutes les idées, sont stockées, rangées et archivées afin d’être consultables et utilisables plus tard.
De mon côté mon système de stockage d’idées me sert de véritable machine à idées. Il me suffit de piocher dans mes notes pour retomber sur une de mes vieilles idées, la transformer puis l’exploiter pour un nouveau projet. Cet article lui-même est à l’origine une vieille idée notée dans un coin, triée et rangée, pour être réutilisée plus tard. Comme la quasi intégralité de tous mes contenus. Ce qui me permet de créer et produire du contenu pour mes différents réseaux presque sans efforts.
Toutes les idées que j’utilise aujourd’hui sont celles que j’ai eu hier. Toutes celles que j’utiliserai demain sont celles que je vais avoir aujourd’hui. Mais je n’utilise jamais (ou que très rarement) une idée le jour même où elle m’apparaît. Avoir de nouvelles idées au jour le jour serait beaucoup trop épuisant mentalement et stressant.
Sortir la dinde du frigo
Pour créer votre contenu du jour, vous pouvez fouiller dans votre passé. Une technique qui fonctionne excessivement consiste également à découper vos gros contenus en mini contenus. C’est une technique mise au point par Rebecca Lieb et nommée la technique de la Dinde de Noël.
La logique est simple. Tous les ans à Noël, on s’en met plein le ventre. Mais comme on a toujours les yeux plus gros que le ventre, le lendemain on se retrouve toujours avec les restes de la veille. Et rebelote. Le principe est similaire ici avec votre contenu. Tout ce que vous avez à faire consiste à récupérer un de vos “gros contenus” (un article de blog par exemple) et découper celui-ci en morceaux pour créer d’autres contenus (des publications sur les réseaux). Un peu comme les restes de la dinde de Noël qu’on cuisine à nouveau pour le lendemain.

Un article peu devenir une infographie, un épisode de podcast, une vidéo courte et j’en passe. L’inverse est vrai aussi. Vous pouvez prendre un mini contenu qui a super bien cartonné sur vos réseaux et transformer celui-ci en plus gros contenu. Mon article sur les clones de Bruce Lee et la création de catégorie était à la base un simple extrait en quelques paragraphes de ma newsletter. Face aux retours positifs de ce contenu, j’ai décidé de creuser et enrichir celui-ci.
A l’heure où j’écris cet article, le film Avatar vient de ressortir au cinéma, 13 ans après sa sortie officielle. Ce sont plus de 500 000 spectateurs qui sont retournés voir le film de James Cameron. Une preuve supplémentaire que recycler des créations passées c’est toujours profitable.
Résumé
- Créer du contenu inédit tous les jours, c’est non seulement un mythe mais en plus c’est épuisant intellectuellement. L’astuce consiste à recycler son contenu.
- Recycler son contenu et ses idées permet de gagner du temps, diminuer sa charge mentale et utiliser des idées qu’on avait pas eu l’occasion d’utiliser à l’époque.
- Pour que ce soit possible, il est important d’utiliser un système de stockage de ses idées.
- Vous pouvez aussi apprendre à transformer vos gros contenus en plus petits contenus, ou à l’inverse, construire de gros contenus à partir de petits contenus.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout !
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